Dans une catégorisation que je n’aime pas tellement, certains opposent parfois les sciences naturelles qu’ils disent « dures« , aux sciences humaines et sociales (SHS) qu’ils disent « molles« . L’idée sous-jacente est qu’il y aurait une espèce de « supériorité » des premières sur les dernières, les SHS étant implicitement perçues comme plus « faciles », des sortes de « sous-sciences » des sciences royales que seraient les sciences naturelles.
Il ne s’agit en aucune manière de renverser cette assertion et de soudainement prétendre que les SHS seraient plus « difficiles » (ou dures ?) que les sciences naturelles1À titre personnel, je ne vois pas de différence de nature entre les SHS et les sciences naturelles, si ce n’est l’objet d’étude. Mais les principes généraux de la méthode sont les mêmes, modulo les aménagements parfois nécessaires compte tenu des spécificités de l’objet d’étude – aussi bien du côté des SHS que du côté des sciences naturelles.. Il s’agit plutôt de faire un pas de côté, et de réaliser que ce qui distingue les SHS des sciences naturelles n’est pas tant l’objectif d’essayer de comprendre le réel avec le maximum d’objectivité, mais plutôt dans le fait que les SHS doivent composer avec des contraintes assez spectaculaires sur leur objet d’étude.
Je pense que la teneur de ces contraintes a été particulièrement bien résumée par Murray Gell-Mann, physicien :
Think how hard physics would be if particles could think.
– Murray Gell-Mann
En français, cela donne2Traduction personnelle :
Imaginez à quel point la physique serait difficile si les particules pouvaient penser.
– Murray Gell-Mann
Je vous laisse méditer là-dessus !